Auteur: Suzanne Lebeau
Mise en scène: Maud Hufnagel et Lucie Nicolas
Date: 20 octobre 2010, à la Scène Nationale d'Albi (Athanor)
Le spectacle:
Cette pièce de théâtre, écrite par Suzanne Lebeau, nous raconte la vie de Petit Pierre, garçon vacher handicapé du 20ème siècle, qui a créé un superbe manège de toutes pièces. Son histoire est réelle, l'écriture est déroutante... A l'origine, la pièce met en scène 2 conteuses. Finalement, une seule conteuse dans cette représentation, et donc une seule actrice, nous raconte la vie de Petit Pierre à travers son siècle, en utilisant les objets, découpés dans des plaques métalliques, la projection vidéo, et sa simple présence. Une pièce intimiste, qui nous plonge dans un univers magique.
Mon avis:
Je m'attendais à quelque chose d'ennuyeux, pensant que 2 conteuses pour raconter la vie d'un seul homme, cela ferait lourdingue... Finalement, j'ai été agréablement surprise de ne voir qu'une conteuse, qui communique tant avec le texte que la gestuelle, d'un grand dynamisme, d'une grande fantaisie (faut dire, après plus de 500 représentations, le rôle se précise, la gestuelle s'améliore, se perfectionne... bref, une belle prestation d'artiste). Des coupes franches dans le texte ont été faites pour ne parler qu'à la troisième personne (jamais la conteuse ne parle à la première personne du singulier, alors que c'est le cas dans le texte d'origine).
J'ai passé un agréable moment. Mais bizarrement, je n'ai pas été émue plus que ça. J'ai trouvé le spectacle beau visuellement, la mise en scène extrêmement habile, mais je regrette de n'avoir par ressenti d'émotions qui auraient pû me submerger. Est-ce que j'attendais du mélodrame? Je ne crois pas... Peut-être simplement est-ce le personnage lui-même qui a induit cela. Il fait sourire par sa fantaisie, son talent de création. Mais son quasi "désintérêt" de ce qu'il se passe dans le monde extérieur nous rend presque froids à son égard (du moins c'est ce que j'ai vécu...). Alors que la guerre éclate, il se réfugie dans son monde imaginaire, avec ses vaches, et semble ignorer le monde extérieur. Peut-être parce que le monde extérieur l'ignore lui-même, il décide de n'en tenir aucun cas?
De plus, il ne semble s'intéresser vraiment à ce qui l'entoure qu'avec la montée du capitalisme et l'arrivée des machines dans les campagnes, dont le fonctionnement le fascinent... Cela me rend encore plus froide, de par mon vécu actuel (qu'il ne pouvait pas avoir bien sûr...)
En gros, si vous n'avez pas vu la pièce, je vous la conseille. Pour des enfants (et c'est pour eux qu'elle a été composée), je vous dit n'hésitez pas! Mais un petit goût de déception restera dans ma bouche, car étant donné le sujet qui me touche particulièrement, j'aurais aimé ressentir plus d'émotions.
Des anecdotes:
Léon, le frère de Petit Pierre, a vu la pièce et en fut très touché. Les créateurs avaient essayé de contacter Léon pour avoir des photos de famille, mais il n'a jamais reçu les demandes. Il s'est amusé de voir les fausses photos de famille (la photo de Petit Pierre est la vraie, mais pas celle de la mère, de la soeur, etc...), notamment de voir les histoires de chacun qui se croisent (les photos sont les photos de famille de l'une des metteurs en scène...).
Après plus de 500 représentations, le spectacle change, évolue encore, pour éviter la sensation de lassitude...
Le spectacle est prévu pour être représenté dans des lieux intimistes, les enfants étant assis autour de l'espace scénique, au sol, admirant les décors...
Pour aller plus loin:
Un reportage sur France 3 autour de l'homme.